Comment se déroule l'élection du pape ?

Comment se déroule l'élection du pape ?

Le pape Benoît XVI a annoncé lundi 11 février qu'il renoncerait à sa fonction le 28 février, affirmant ne plus avoir "les forces" de diriger l'Eglise en raison de son "âge avancé", 85 ans. "Commencera alors la période de 'sede vacante' [siège vacant]", a indiqué le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, avant la désignation d'un nouveau pontif, d'ici Pâques. Comment va se dérouler l'élection à venir ?

  • Préparation de l'élection

Convoqués au Vatican, les cardinaux sont tenus – sauf raison de santé et empêchement grave – de s'y rendre dans les quinze à vingt jours (art. 37 de la constitution apostolique Universi Dominici Gregis sur la vacance du siège apostolique et l'élection du pontife romain).

Durant la vacance du Siège apostolique, le gouvernement de l'Eglise est confié au collège des cardinaux. Dénué de pouvoir législatif, il se contente d'expédier les affaires courantes (chapitres I, II, III, et IV).

Lors des premières congrégations générales, l'ensemble des cardinaux prêtent serment, la main sur les évangiles, d'observer les prescriptions de la constitution Universi Dominici Gregis (art. 12). Une des congrégations qui suivront immédiatement devra décider du jour et de l'heure du début des opérations de vote ; prendre les dispositions nécessaires à l'aménagement de la chapelle Sixtine où se déroulera le vote ; prendre les dispositions nécessaires au logement des cardinaux (et si nécessaire de leurs infirmiers).

  • Début du vote

Les opérations de vote doivent commencer au plus tôt quinze jours et au plus tard vingt jours après la mort ou la renonciation du pape. Ne sont autorisés à participer que les cardinaux qui n'ont pas 80 ans accomplis avant ce jour. Pour la validité de l'élection du pape, les deux tiers des suffrages des électeurs présents sont requis (art. 62).

Du commencement des actes de l'élection, jusqu'à l'annonce publique de l'élection du souverain pontife, la chapelle Sixtine et tous les lieux destinés à accueillir les cardinaux sont fermés (art. 43).

  • Serment

Les cardinaux électeurs prêtent serment, la main sur les Evangiles, de garder perpétuellement le secret sur tout ce qui concerne directement ou indirectement l'élection (art. 53). Un serment du même type est demandé à toutes les autres personnes qui pourraient être amenées à approcher les cardinaux pendant la période du vote. Les correspondances, télécommunications, et tout autre moyen de communication avec l'extérieur sont interdits, sauf raison très grave ou urgente. Un contrôle est effectué afin de s'assurer du respect de cette règle (chapitre IV).

La messe votive Pro Eligendo Papa est prononcée le matin du jour où doit commencer le vote (art. 49). Elle précède une procession des cardinaux électeurs de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine.

  • Sessions de votes

Il y a une session de vote le matin et une session l'après-midi. Lors de chaque session, si, au premier scrutin, l'élection n'est pas intervenue, il est immédiatement procédé à un deuxième scrutin (donc quatre scrutins au maximum par jour, sauf le premier jour, puisque les cardinaux ne se réunissent que l'après-midi – art. 63, 72).

Les cardinaux inscrivent, sur un bulletin de forme rectangulaire portant dans sa partie supérieure la mention "Eligo in Summum Pontificem", le nom de celui pour qui il vote (cardinal ou non-cardinal), puis plie et replie ce papier. La rédaction du bulletin doit se faire de manière secrète et ce dernier ne doit pas être reconnaissable (art. 65). Tout pacte, alliance, ou accord sont interdits.

  • Dépouillement

Lorsque tous les bulletins des cardinaux électeurs ont été déposés dans l'urne installée sur l'autel, ils sont comptés. Si le nombre ne correspond pas au nombre d'électeurs, les bulletins sont brûlés et un nouveau scrutin est organisé ; si le nombre est égal au nombre d'électeurs, le dépouillement est effectué. Le dépouillement se fait à haute voix et les bulletins ouverts sont perforés avec une aiguille munie d'un fil à l'endroit où se trouve le mot "Eligo", puis les extrémités du fil sont nouées. Une fois le décompte achevé, il est vérifié par les réviseurs. Si l'élection n'a pas abouti, les bulletins sont brûlés (art. 68, 69, 70, 71) à la fin de la session de la demi-journée.

  • Annonce des résultats

Originairement, les bulletins étaient brûlés dans la chapelle Sixtine, mais les fumées détérioraient les fresques de Michel-Ange. Aussi les brûle-t-on, depuis le XIXe siècle, dans un poêle dont la cheminée extérieure est visible de la place Saint-Pierre. Un vote positif donne une fumée blanche, négatif, une fumée noire. Jusqu'à l'élection de Paul VI (1963), la fumée noire était produite par de la mousse humide mêlée aux papiers, la fumée blanche par les papiers seuls. Mais souvent la fumée sortait grise dans les deux cas. Depuis septembre 1978 et l'élection de Jean-Paul Ier, un produit chimique fumigène, noir ou blanc, est ajouté aux bulletins.

  • Procédure exceptionnelle

Si les cardinaux ne s'entendent pas au bout de trois jours, les scrutins sont suspendus pendant, au plus, une journée. Si au bout de ces trois jours puis de trois cycles de sept scrutins, aucun vote n'est obtenu, les cardinaux sont appelés à départager, à la majorité des deux tiers, les deux noms arrivés en tête (art. 74, 75, 76).

  • Proclamation du pape

Lorsque l'élection a été obtenue, le cardinal doyen ou le premier des cardinaux par l'ordre et par l'ancienneté demande le consentement de l'élu en ces termes : "Acceptez-vous votre élection comme souverain pontife ?" (art 87). Le pape choisit son nom (art 87), les cardinaux rendent hommage au nouveau pape, et le premier des cardinaux diacres annonce officiellement son nom. Celui-ci donne alors la bénédiction apostolique Urbi et Orbi depuis le balcon de la basilique vaticane (art 89).

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